samedi 26 janvier 2008

Petit historique de la ville de Bou Saada


Projet : Organisation d’une journée des retrouvailles des Bou Saadiens
et des amis de la ville

Projet élaboré par Souâd KHODJA, sociologue et écrivain
Septembre 2006



Objectifs : création d'une annexe de l’Ecole des beaux arts au niveau de l’écomusée de Bou Saada comprenant une section artistique (peinture et artisanat) et une section de recherche et d’enseignement de l’architecture oasienne et méditerranéenne. Il s’agit aussi de mettre en place une maison des artistes où viendraient séjourner, pour une durée déterminée, des artistes nationaux et étrangers.

Quant au musée il s’agit d’aider à lui redonner son caractère multidisciplinaire comme le souhaitent ses responsables et donc assurer la formation de conservateurs, acquérir des équipements informatiques nécessaires à la conservation des collections et réaliser un site Web.

Pour ce faire il s’agit de lancer un appel à financement pour obtenir de la part de sponsors, de mécènes et de bailleurs de fonds des aides pour assurer le développement du musée, en sus de ceux accordés déjà par le ministère de la culture.

Moyens : Organiser à Bou Saada un atelier de travail regroupant toutes les personnes intéressées par le projet en vue d’en étudier l’utilité, la faisabilité, les moyens matériels et financiers pour le réaliser, et lancer un appel aux donateurs. Ceci nécessitera la mise en place d’un comité de coordination chargé de réunir les fonds et d’assurer le suivi de la réalisation des projets. La structure juridique sera proposée par les membres de l’atelier. A priori, une fondation semble être l’organisation la plus appropriée.


Justificatifs : Pourquoi cet objectif ? Le ministère de la culture a déjà élaboré ce projet et cherche un lieu d’implantation. Il apparaît que Bou Saada réunit tous les critères pour la réalisation de ce projet de type artistique. C’est ce que nous allons essayer de démontrer ici à travers l’étude de l’histoire de la ville et de sa réalité aujourd’hui.






Petit historique de la ville de Bou Saada

Première oasis qu’on rencontre lorsqu’on se dirige à partir d’Alger vers le désert du Sahara, elle est située à près de 270kms de celle-ci . Petite palmeraie de 24 000 palmiers elle comprend 119.000 habitants.


Bou Saada, avant la colonisation,

Bien que les premières pierres de la ville aient été posées au milieu du 13ème siècle par les Gétules berbères migrants, l’érection réelle de celle-ci remonterait selon les historiens au lendemain de la reconquista espagnole de l’Andalousie au 15ème siècle par les Catholiques. La date de la fondation de la ville correspondrait donc à celle de l’avènement du beylicat d’Alger. Deux chefs spirituels venant d’Andalousie qui ont longuement séjourné à Seguia El Hamra , Sidi Slimane Ben Rabéa et Sidi Thameur Ben Ahmed El Fassi, achètent à une tribu de nomades pasteurs, les Bedarna (une branche Ouleds Naïls) un lopin de terre aux abords d’un oued et aux pieds du mont du Hodna. Ils y édifieront les premières maisons et la mosquée d’El Atik (Ennakhla) à partir de laquelle ils diffuseront l’enseignement soufi, la science et la sagesse. Ils lui donneront le nom quelque peu légendaire de Bou Saada qui lui vaudra l’appellation de cité du bonheur. Pas très loin, on trouve la Kouba de Sidi Brahim ainsi que le tombeau d’El Hachemi , fils l’Emir Abdelkader, qui séjourna à Bou Saada lors de son retour de Syrie où il fut logé par la famille Chérif, et exprima le vœu d’y être enterré. Le fils de ce dernier, l’émir Khaled , y passa son adolescence et eut pour ami Abdelkader Bisker qui fut pour lui une sorte de demi frère.

Jusqu’à aujourd’hui, la ville est reconnue comme étant un lieu important de résidence de lettrés musulmans dont certains conservent encore précieusement des documents scientifiques et religieux très anciens. Les amoureux des arts et des lettres lui vouent une grande affection et un grand attachement.

Dans les environs proches de la ville on a retrouvé des peintures rupestres semblables à celles du Tassili, des vestiges datant 8000 ans Av. JC ainsi que des ruines romaines. A partir du 11ème siècle la région devient un lieu de croisement d’importantes routes commerciales menant en Afrique, en Andalousie, à Bagdad et à Damas. A cette même période, (1007-1152) correspondant au règne des Fatimides, est édifiée à proximité de Bou Saada et de M’sila, la capitale du royaume des Hammadite dont subsistent encore d’importants vestiges dont la kalaa des Beni Hammad. Erigée dans le Maadhid , elle est un site classé patrimoine mondial par l’UNESCO en 1980.
[1]

Les Benou Hilal, tribus de poètes guerriers originaires du Yémen, après avoir transité par le Soudan, s’installent aussi au 11ème siècle dans la région et sont très souvent recrutés en raison de leur maîtrise des arts de la guerre pour protéger des pillages les caravanes de commerçants transportant la poudre d’or du Soudan vers l’Andalousie.

La Zaouïa d’El Hammel affiliée à la Rahmania et fondée par Sidi Mohamed ben Belkacem, est érigée à l’orée de la ville. Elle est connue au niveau national et international pour son rayonnement sur l’Algérie et l’Afrique subsaharienne et comme un lieu de piété et de diffusion d’un Islam, inscrit dans la pensée philosophique des Ikhwan Essafa, celui d’une pratique religieuse épurée, tolérante et ouverte aux sciences et à la réflexion, A la mort de son fondateur en 1897, sa fille Lalla Zeineb dirigea la zaouia jusqu’en 1904.

Les citadins de la ville sont d’origines très diverses. S’y sont données rendez vous, outre les lettrés musulmans , des familles entières venues d’Andalousie, arabes et juives ainsi que des soldats protecteurs du dernier roi de Cordoue Abou Badil, des groupes venus d’Orient, Bénou hillal , Yéménites, Béni Hammad, Damasquais, Baghdadis, des Français le plus souvent fonctionnaires ou enseignants, des familles kabyles liées à la zaouïa d’El Hammel
[2] , ainsi que des berbères travailleurs de la terre dans les jardins de l’oasis et artisans. Y résident également des kouloughli en rupture avec la régence d’Alger.[3] Nombreux sont les habitants de la ville qui sont les descendants de familles nobles de la kalaa des Beni Hammad qui s’y sont réfugiées suite à la destruction de celle-ci.

Les tenues vestimentaires et les coiffures anciennes sont très spécifiques à la ville et renseignent sur les origines de la population et sa grande diversité.

Selon certains observateurs, l’origine andalouse d’une partie de la population est aussi attestée par les robes que portent les femmes. Les volants froncés de el roppa (la robe) rappèlent étrangement la jupe gitane alors que le chant dit gharbi (occidental ?) chanté par exemple par Khélifi Ahmed, est très proche sinon semblable à la complainte flamenco . La légende rapportée par les anciens voudrait qu’à la chute de Cordoue en 1492 les habitants d’un des quartiers de la ville, avant de se quitter, se soient promis de se retrouver un jour et de le reconstruire. Sidi Thameur et Sidi Slimane auraient réalisé leur vœu.

Par ailleurs, peut-être en raison de la présence turque, on retrouve encore aujourd’hui des airs musicaux, exécutés par la ghaita (un haut bois), semblables à ceux qu’on écoute en Serbie et en Albanie, anciennement parties de l’empire ottoman.

Les danses, caractéristiques de la région et uniques dans leur genre en Algérie, tels que le saadaoui, la danse du cheval, oumayna et autres, témoignent, à l’instar des chants et de la musique, d’une grande sophistication artistique qui n’ont donné lieu à aucun travail de recherche artistique.

La malehfa quant à elle, elle est la reproduction exacte de la toge romaine. Relevée sur la tête, elle est devenue aujourd’hui el haik , voile spécifique à la région. La coiffure, le guennour , une construction savante de foulards sur la tête renseigne sur l’origine noble la femme qui le porte, plus celui ci est grand plus sa place dans la hiérarchie nobiliaire est importante. L’origine de cette coiffure est par contre plus difficile à déterminer.

Malgré la diversité des populations qui se sont retrouvées dans la ville qui a vraisemblablement servi de refuge à des lettrés et des artistes venus de tous horizons, tous ces groupes y vivent en bonne entente et se considèrent d’abord comme des Bou saadiens. L’architecture très typique de la ville reproduit cet amalgame de communautés, chacune ayant son propre quartier
[4], bien que les mariages et autres types d’alliances entre elles soient très courants. Les échanges commerciaux entre nomades de grande tente et citadins créent une totale complémentarité pacifique et intelligente entre les deux groupes et caractérisent cette économie agropastorale.



Bou Saada pendant la colonisation,

Durant la période coloniale, cette oasis qui donne au voyageur un échantillon du Sahara est appelée l’oasis d’Alger et parfois l’oasis des Algérois. Grâce à une politique touristique intelligemment menée et une population reconnue universellement comme cultivée, hospitalière et très accueillante, des masses importantes de touristes venues du nord de l’Algérie, de l’Europe et des Amériques s’y dirigeaient vers le printemps et ne la quittaient que vers la fin de l’automne. La famille Ferrero, originaire d’Italie, y a édifié un moulin à eau sur le bord de l’oued qui est encore aujourd’hui, bien qu’en ruines, il n’en reste qu’un mince filet d’eau , une attraction touristique.

Isabelle Héberhardt, Guy de Maupassant ainsi qu’André Gide lui consacrent de belles pages dans leurs écrits respectifs. L’oasis de Bou Saada –bien que petite – est une des plus charmantes de l’Algérie écrit Guy de Maupassant alors qu’Isabelle Eberhardt écrit Bou Saada la reine fauve, vêtue de ses jardins obscurs et gardée par ses collines violettes, dort voluptueusement au bord escarpé de l’oued où l’eau bruisse sur les cailloux blancs et roses. Colette, lors de l’un de ses séjours à Bou Saada, y rédigea ses impressions dans son fameux article intitulé la fleur du désert. FS. Fitzgerald publia en 1930 dans le Saturday evening post un reportage sous le titre un voyage à l’étranger où il décrit son passage dans la ville. L’ethnologue français Marçais y étudia dans une œuvre magistrale les parlers de Bou Saada. Le Hurau de l’académie des sciences coloniales lui consacra un livre intitulé : Bou Saada , cité du bonheur.

Et pour l’anecdote une grande partie du film Tarzan du réalisateur E.R. Burroughs y fut tournée, un vin australien est vendu sous l’appellation Bou Saada, une médecin californienne s’appelle Bou Saada, une professeure nommée Kate Elisabeth Bou Saada enseigne la psychologie à l’université du Connecticut, une femme médecin obstétricienne américaine ( Caroline du Nord) se nomme Ingrid Bou Saada, un musicien américain se nomme Mike Bou Saada et un groupe américain de chants et de danses orientales a pour nom Bou Saada Troup Tours Danse. Ce même nom a été donné à un yacht datant de la seconde guerre mondiale dont le propriétaire est Edmund Dreyfus. Il mouille aujourd’hui à Dunkerque.

Parmi les publications qui la citent ou qui lui sont consacrées, on peut citer essentiellement le livre de Youcef Nacib
[5] et les passages de l’ouvrage de Mostéfa Lacheraf[6] qui sont tous les deux un véritable hymne à la ville .

En raison de la luminosité de son ciel à nulle autre pareille et la grande beauté des femmes Ouled Naïl qui y ont élu domicile
[7] , elle a fait la joie des peintres souvent orientalistes, mais pas seulement. [8]



Le peintre français Etienne Dinet (1861-1929) y vécut , se convertit à l’Islam et y mourut. Dans l’un des ses écrits, il déclare : Bou Saada mérite son nom plein de promesses ; si le paradis est dans le ciel , certes il est au dessus de ce pays, s’il est sur terre il est au dessous de lui.
[9]

Pour honorer la mémoire d’Etienne Dinet, un musée qui porte son nom a été créé en 1969, le miniaturiste Mohamed Racim en fut un des membres fondateurs.
[10] Certains ouvrages de sa bibliothèque considérable se sont retrouvés entre les mains des défunts Mostéfa Lacheraf et Messaoud Ben Haidèche (fils adoptif de Dinet) qui les ont conservés précieusement. Un certains nombre d’entre eux ont été récupérés par le musée de Bou Saada.

Parmi les peintres qui lui ont consacré leur œuvre on cite G.Guillaumet, A.Jamard, L.Granata, A. Daniélou, A.delahogue, S.Delbays, E.Herzig, E. Weckling, E.deshayes, F. Noailly, P.E. Dubois, H.d’Estienne, J.Launois, E. Coligou, Marguerite Tédéschi . Le peintre flamand Edouard Verschaffelt (1874-1955) qui y prit épouse, fonda une famille après son mariage avec une femme de la tribu de Sidi Brahim dont il eut deux enfants et y fut enterré.

L.E. Barrias, y réalisa une merveilleuse petite sculpture de 20 cm en bronze appelée jeune fille de Bou Saada. Une autre fileuse de Bou Saada orne la tombe de son auteur Guillaumet au cimetière de Montmartre à Paris.

Bou Saada aujourd’hui

Au lendemain de l’indépendance, les populations nomades ayant vu leurs troupeaux décimés durant la guerre se sont installées dans la ville. Souvent sans revenus, aucune politique sérieuse de développement économique en vue de la reconstitution des cheptels et/ou touristique de la ville n’y étant menée, elles se sont installées dans des habitations précaires dans des conditions de vie très proches de la pauvreté. Si on y rajoute l’absence d’une politique de maîtrise de la démographie jusqu’en 1986, la population s’est développée à une vitesse vertigineuse alors qu’en même temps les lettrés de la ville la quittaient pour s’installer au nord de l’Algérie le plus souvent à Alger à la recherche d’un emploi rémunérateur correspondant à leur formation. Beaucoup ont quitté l’Algérie.

La vieille médina ( le k’sar : le palais), caractérisée par une architecture méditerranéenne traditionnelle selon les spécialistes de la question, est laissée à l’abandon par ses anciens habitants préférant loger dans une maison en dur édifiée dans la nouvelle ville et disposant de toutes les commodités. L’inexistence de dispositions réglementaires
[11] pour la préservation de son caractère historique, elle tombe lentement et sûrement en ruines. Un pan entier de l’histoire de la ville représentant un patrimoine inestimable s’écroule dans l’indifférence générale. [12]. Par ailleurs , seule une tentative pas très heureuse a été entreprise pour restaurer la mosquée plus que centenaire des Ouleds Hmeida .

La ville entière dépérit, écrasée par le chômage en raison de l’absence totale de tout plan de développement aussi minime soit-il.

Le musée Etienne Dinet

Edifié à l’orée de la ville dans la palmeraie, suite à sa destruction par un incendie en 1995, il a été entièrement restauré et réouvert aux visiteurs en 2004, à l’occasion de la journée mondiale des musées. Il comprend une bibliothèque constituée de 5000 ouvrages, 2 salles d’exposition et une salle de lecture. Un nombre important des œuvres du peintre y sont exposées ainsi que d’autres objets historiques . Plusieurs manifestations y ont eu lieu comme celle intitulée retrouvailles consacrée aux œuvres de l’artiste, une autre fut consacrée aux costumes traditionnels algériens au 19ème siècle, Escale à Bou Saada où 12 peintres nationaux ont exposé leurs œuvres, Reflets de Bou Saada, consacrée aux artistes locaux ainsi que la commémoration du 75ème anniversaire du décès du peintre. La directrice du musée Mme HIOUNE Mezerka grâce à l’appui du ministère de la culture mène une activité intense pour redonner vie au musée et a déjà lancé plusieurs projets pour son extension et son développement grâce à l’aide d’un groupe de Bou Saadiens ( Comité de Réflexion et de Coordination) qui se sont mobilisés pour mener à bien cette action.

Notons l’existence d’associations à vocations culturelles dont l’Association des artistes peintres de Bou Saada , l’Association pour la promotion de la culture auprès des enfants et d’une maison de l’artisanat.


Programme Provisoire de la journée des retrouvailles (qui peut être modifié par les personnes intéressées par le projet)
1. Conférences : seront appelés à faire des conférences toutes les personnes qui ont écrit ou réalisé des recherches sur la ville, et toute autre personne qui serait intéressée.

2. Atelier de travail: celui ci doit s’achever par la constitution d’un groupe appelé les amis de l’écomusée de Bou Saada qui aura pour mission de développer, en concertation étroite avec la directrice du musée et le ministère de la culture, les points retenus en plénière : affiner le programme d’aide au développement du musée, rechercher les financements, assurer le suivi et la réalisation des programmes.

Programme culturel : chants, danses, circuit touristique, exposition de peintures et autres, exposition photos, fantasia, concours du plus beau bassour, etc..

Financement et sponsors éventuels : Billets d’avion, nuitées et repas : A rechercher

Date et durée : A déterminer par le groupe informel chargé de la préparation de la manifestation.

Invités : A déterminer par le groupe informel chargé de la préparation de la manifestation : des officiels, des citoyens de Bou Saada, bou saadiens de la diaspora vivant en Algérie ou à l’étranger, amis de la ville: artistes, journalistes, essayistes, écrivains, enseignants et étudiants des beaux arts , etc…

Bibliographie générale

Mokhtar Zinet Recherche sur le concept d’un plan d’urbanisation de développement durable concernant l’évolution des sociétés pastorales et des villes steppiques, Palmyre et Bou Saada, DES Université de Genève.
Ould Hania Amina , Choix climatiques et construction en zones arides et semi arides, le cas de la maison de Bou Saada, 2003, Thèse de doctorat de 3ème cycle , Ecole polytechnique de Lausanne
Makhlouf Laid, Expérimentation de techniques mécaniques et biologiques de lutte contre les déplacements de sable. INRF, Alger, 80-84
Marçais, Les parlers de Bou Saada , bulletin de l’institut d’archéologie orientale français
Le Hurau, Bou Saada, cité du Bonheur, académie des sciences coloniales
Farouk Zahi : El watan 11 septembre 2006
Youcef Nacib : Cultures oasiennes, Bou Saada, un essai d’histoire sociale
Zouilai Kaddour Des serrures et des voiles l’Harmattan, 1990
Brahimi Denise, Les terrasses de Bou Saada , ENAG, 1986
M. Lacheraf : Des noms et des lieux
Mohamed Kacimi El Hassani , Arabes, vous avez dit arabes, 1990, Balland
Nadir Maarouf : les cultures oasiennes
Ouaret Fayçal, Ocres, un amour d’Etienne Dinet, Casbah, 2002
Filali Kamel, l’Algérie mystique . Des marabouts fondateurs aux khwans insurgés, du 15ème au 19ème siècle , Publisud 2002
Fontaine Pierre, Bou Saada, porte du désert, éd.Dervy, 1952
Tharaud Jean, La fête arabe, Plon, 1922
Société littéraire de Lyon, De Bou Saada à Biskra, une étape de la caravane lyonnaise en Algérie, Dr. Carry, 1925
Revue, Museum International N° 212
De Gallant (charles) , Excursion à Bou saada, Cliendot Paul éditeur, 1899

Sites web :
http://www.gomres.com/,
www.abdeltif.com/algérie
http://www.chez.com/, site saweb (Lomri)
http://www.bousaada.net/
www.bou-saada.net/jamila.htm


ANNEXES :

ANNEXE 1.

Extraits du livre de Mostéfa Lacheraf, Des noms et des lieux
Mostéfa Lacheraf note dans certains chapitres que nous reproduisons ici les impressions qu’il garde de la ville lorsqu’il y a été nommé juge suppléant en 1942.

(..)Bou Saada se distinguait alors , à l’égal d’autres oasis comme Laghouat et Ghardaïa , par l’existence d’une élite lettrée à la fois traditionaliste dans le bon sens et très moderniste, aussi bien dans le commerce de gros , les affaires, certains secteurs de la vie quotidienne que dans sa vision du monde. Même ses instituteurs, tous originaires de cette ville et sortis de l’école normale de Bouzaréah , préservaient jalousement dans leurs façons de vivre , de s’habiller, de parler et de se conduire , un indéniable cachet algérien, à l’instar de la Kabylie de l’époque (…). L’élite lettrée de Bou Saada et la classe moyenne des commerçants et artisans ou petits fonctionnaires , même s’ils appartenaient, de par leurs goûts, habitudes, genres de vie et niveau culturel et de savoir-faire, à la citadinité spécifique d’une vieille ville du Sud, (…) De plus ce que j’ai écrit sur Etienne Dinet (..) et sur le choix qu’il a fait de Bou Saada est un hommage à leur esprit de tolérance et à leur grande capacité d’accueil éclairé , non conformiste et généreux.

Page 73 : Les toiles peintes par Nasr–Eddine Dinet avec ces visages, ces physionomies saisissantes de ressemblance d’une génération à l’autres évoquent pour moi une stratification de classes urbaines de père en fils et témoignent d’une rare continuité des lignées parentales directes. De toute façon le label de la famille à travers ses descendants atteste encore de l’ancienneté d’une certaine population de Bou Saada et de sa fidélité à elle-même comme on le constate pour les bourgeoisies de l’Europe classique quand on regarde de près les tableaux de peinture (..)

Parlant de la dégradation de la ville aujourd’hui M. Lacheraf note :

(..) Cela a dû se passer de la même façon dans les vieilles villes algériennes aux traditions urbaines affirmées avant la dispersion des années de guerre et notamment l’afflux de l’exode rurale qui a transformé la physionomie générale de la cité (..) mais aussi les traits emblématiques saillants qui au premier coup d’œil permettent l’identification de l’identité anciennement citadine et l’appartenance à telle ou telle famille de renom incontestable. Comme cela se voit encore à Tunis par exemple , Fez, et chez nous à Constantine, Bejaia , Tlemcen, et dans les petites villes comportant des noyaux limités et parfaitement vétustes et attachants de citadinité, de conduites sociales et de traditionalisme, sinon de culture créatrice, comme Déllys, Cherchell, Mila, Mostaganem, (…)

P. 75 : Les moindres détails (..) contribuent à esquisser sociologiquement une culture, un modeste foyer de civilisation urbaine traditionnelle s’ouvrant sur les collectivités proches ou lointaines du désert algérien (…) Cet équilibre harmonieux et attachant à Bou Saada (…) agissant par des traditions sélectives et des élans maîtrisés vers la modernité du savoir et du goût provenait aussi d’un milieu dont la plupart des éléments instruits et aptes à influencer les conduites sociales autour d’eux n’étaient acquis inconditionnellement ni aux Ulémas ni aux confréries maraboutiques,

P79 : Le milieu bousaadien traditionalistes , dans le bon sens, à l’époque où je l’ai fréquenté était riche en hommes de forte personnalité nourris d’un patrimoine arabe respectable plus ou moins classique et de haute époque, détendus , croyants sans zèle, ou bigoterie, ouverts, à la fois sur des valeurs anciennes et des acquis nouveaux, ayant leur franc parler et portés à des plaisanteries intelligentes, toutes choses qui curieusement et sans trop d’exagération me faisaient parfois revivre par le souvenir de mes lectures des scènes de la vie de Basra du temps d’El Jahith telles qu’observées par lui d’une façon géniale dans ses livres pleins d’esprit, de traits débonnaires ou mordants, de truculence et d’affectueuse ironie sur les mœurs des lettrés (…) de la grande cité mésopotamienne au 9èmes. A Bou Saada comme dans la Basra du moyen âge musulman, rivale de Bagdad pour la qualité de ses hommes , existait encore cette bonne tradition algérienne décontractée et néanmoins chaleureuse et non conformiste qui consiste en une foi sobre , des rapports humains chaleureux n’excluant pas d’innocentes farces entre proches voisins et compagnons en échange de bons mots appliqués à certaines situations et restés célèbres jusqu’à nos jours.

P. 80, (..) On sait que Bou Saada , située dans une zone aride, n’avait pas dans son périmètre extérieur ni village de colonisation ni de colons. Cependant, dans la cité plusieurs fois séculaires au cœur de l’oasis ou la bordant de toutes parts ainsi que dans certaines villes de l’Oranie tellienne et à Mascara en particulier, la vie nationale se manifeste par une forte présence de l’algérianité traditionnelle de bon goût qui ne devait rien à l’occupant étranger et apparaissait dans ses moindres détails culturels comme une sorte de résistance sereine, allant de soi, efficace, dépourvue de morgue ou de volontarisme et sans démonstration spectaculaire.






[1] Rappelons qu’à l’origine, les Sanhaja, (tribus berbères pour certains historiens et arabes selon d’autres car leur nom voudrait dire : venu de Sanaa au Yémen, dja min Sanaa) remontent du nord ouest saharien, menées par leur chef Ziri ibn Manad fondateur de la dynastie Ziride. Celui-ci s’allie aux Fatimide (http://www.muslimheritage.com/) qui l’aident à fonder Ashir (au sud est d’Alger) alors que son fils Bologhine ibn Ziri est nommé vice roi d’Ifriquya . Hammad Ben Bologhine fonda la dynastie des Hammadite du Hodna. Son fils, le prince Hammadite El Nacir, après avoir abandonné la kalaa sous la pression des Bénou Hillal, a fondé Bejaia (Naciria) au 11ème siècle, alors qu’à la même époque son frère aîné le prince El Kaid s’installait El Mahdia près de Djidjelli.

[2] El Mokrani de la kalaa des Beni Hammad, bachagha de la Medjana, décédé en 1871 à oued Soufflat, y a longtemps séjourné, (http://www.afrique-du-nord.com/)

[3]. (…) le bey Hassan ben Ali fut brouillé avec son neveu ,Ali Pacha. Ce dernier se réfugia dans les montagnes d’Uselettes c’est-à-dire aux portes de Bou Saada. Là, il se proclama bey et se présenta comme défenseur des Turcs mécontents de Hassan, et des populations rurales des hauts plateaux hostiles à celui-ci. Y. NACIB, cultures oasiennes. P. 164 (il cite Dr. Shaw)..
[4] Zouilai Kaddour, des serrures et des voiles
[5] Youcef Nacib, Les cultures oasiennes, Bou Saada, essai d’histoire sociale , ENAL, 1986
[6] Mostéfa Lacheraf, des noms et des lieux, ed. Casbah, 1998
[7] La légende, difficile à vérifier, dit qu’elles sont des descendantes de vestales romaines qui y sont demeurées à la chute de l’empire romain et que la tribu Ouled Naïl a généreusement adoptées, alors que d’autres pensent qu’elles sont les descendantes de la reine de SABA, ceci étant attesté par la plume de la huppe qu’elles portent sur leur tête et leurs danses qui imitent le vol saccadé de la huppe. Les you you seraient une imitation du cri de la huppe qui fut l’oiseau qui annonça au roi Salomon l’existence du royaume de la reine de Saba ( voir Coran) . Quand les moisons sont bonnes on dit dans la région que c’est l’année de Saba peut-être en souvenir du croissant fertile ou de l’Arabie heureuse où se situait le royaume de Saba.
[8] Marion Vidal Bué, l’Algérie du Sud et ses peintres
[9] Les autres ouvrages ou recherches de grande qualité qui lui sont consacrées se retrouvent dans les références.
[10] Racim réalisa des planches d’enluminures en 1915 qui illustrent ses deux ouvrages Khadra et pèlerinage à la maison sacrée d’Allah
[11] www.meda-corpus.net
[12] F.Zahi, complainte d’une médina oasienne qui se meurt, El watan, 11/9/06

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